mercredi 23 septembre 2009

Au croc du boucher


...Il aurait fallu que tout soit sexe, les rideaux, la moquette, les sandows, et les meubles, il m’aurait fallu un sexe à la place de la tête, un autre à la place de la sienne.
Il nous aurait fallu pendus tous les deux par un crochet de fer face à face dans un frigo rouge, crochetés par le haut du crâne ou par les chevilles, tête en bas, jambes écartées, face à face nos chairs, livrés impuissants au couteau de nos sexes brûlants comme des fers rougis, ouverts, brandis…

Non ce n’est pas VGE qui se cache derrière ce texte sulfureux, ni Galouseau de Villepin le poète des listings, que Chouchou l'affamé poursuit de sa rage verte et virile, dans la plus noble tradition de nos saignantes mœurs politiques salivant de le voir pantelant comme christ, écorché comme un Bacon ou crucifié comme un Vélikovic mais Alina Reyes dont « le boucher »a échauffé, en 1987, tous les étals des libraires.
Une écriture rouge et magnifique au service d’un roman célébrant superbement la chair. Une langue flamboyante très éloignée de la vulgarité de nos roitelets qui ont oublié qu’aux siècles précédents, l’honneur se lavait sur le pré, à l’aube, à l’épée ou au pistolet.
...Je lui mordis la poitrine sur toute sa largeur ; des charges électriques me parcouraient la langue, les gencives. Je me frottai le nez au gras de sa viande blanche, aspirai son odeur en tremblant. Je louchais de plaisir, le monde n’était plus qu’un tableau abstrait et vibrant, un entrechoquement de taches couleur chair, un puits de matière douillette où je m’enfonçais dans un élan joyeux de perdition...

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