jeudi 31 décembre 2009

TERMINUS




Descendu hôtel Terminus

Le voyageur seul sans bagage

Attendant de prendre le temps

Qui à l’heure arrive toujours

Parcourt curieux sur la carte

Le menu des quatre saisons.




mercredi 30 décembre 2009

Blues de Jean Claude Luez


Fines bouches
Ou mal embouchés
Qu’on aille piano
Ou à fond la caisse
Les ans fuyant
Par tous les trous
Mieux vaut jouer
Avec le temps
Pincer le bec
Et faire l’anche
Swinguer cool
Même au-dessus
D’un nid de couacs
Avant que le cœur
Hot Soit cuit.


Jean Claude Luez est un vieux complice
grand saxophoniste,dessinateur et peintre.
en 2006,il m'a accompagné sur "Mikado des signes"

lundi 28 décembre 2009

Blues des urgences

Urgences

Ta tête sombre

Au noir des mots

Ta langue creuse

Sous ta peau

Ton œil cogne

Le mur du sang.


Urgences

Ta tête fond

Goutte à goutte

Ta langue bute

Sur ton cœur

Ton œil couvre

Le bruit du sang.


Urgences

Ta tête tombe

Face à face

Ta langue passe

Sur des lèvres

Ton œil tend

La joue du sang.


Urgences

Ta tête boit

Goutte à goutte

Ta langue noue

Des mots doux

Ton œil étreint

la soie du sang.



Le samedi 12 décembre, j’ai été admis aux urgences du CHD de Luçon puis transféré aux urgences de La Roche-sur-Yon. J’aurais pu appeler ce blues, blues de la compassion, tellement j’ai ressenti d’humanité dans le personnel soignant de ces hôpitaux, qu’ainsi je remercie.

samedi 26 décembre 2009

Du sang dans les spaghettis


L’Italie a peur. Quel sera la troisième victime des lâches attentats individuels qui visent les personnalités péninsulaires ? Alors que les tifosis se remettent à peine de l’agression du sémillant Berlusconi, victime d’un lancer de cathédrale milanaise en statuette dessoudant brutalement son sourire de deux dents, voilà qu’à son tour sa sainteté est lâchement mise à terre par une jeune possédée soudain prise d’une violente pulsion au passage de ce jeune puceau de 87 ans. Heureusement notre nymphomane papale n’a pas accompagné sa flamme d’une statuette représentant St Pierre de Rome.

Depuis de mauvaises langues de vipère lubrique disent que tout ça c’est du bluff fait pour redorer la cote des chahutés. Dans le cas de Benoit XVI, parce qu’il pense à canoniser Pie XII, le grand silencieux de la shoah, mais qui peut en vouloir au bel il cavaliere, tombeur de lolitas, et chouchou des juges ?

Non, le geste auguste du lanceur de statuette a plutôt trouvé son envol dans les propos tenus juste avant par sua emittenza en meeting : La gauche veut de faire de moi un monstre. Mais je ne suis pas un monstre parce que je suis beau et que je suis un bon garçon.

Non ce lancer d’édifice religieux n’est donc que le fait d’un jaloux voulant rectifier le portrait sans doute athée et moche qui ne peut s’acheter ni lolitas ni call girls. Un pauvre type donc, juste bon à baiser l’anneau papal.

Avec des baguettes


Peu de jours après les sirènes de Copenhague douchées en particulier par la frilosité pékinoise, rudement dénoncée par la France, notre débridé Fillon vient de chiner quelques jours au pays de la muraille. Foin du réchauffement climatique, sa mission visait à réchauffer les relations diplomatiques. Et là pas de mystère le meilleur carburant c’est le business. Et notamment le nucléaire et l’aéronautique, réacteurs et moteurs. Moteurs pour équiper le futur C919 chinois qui dans peu d’années viendra directement concurrencer …l’airbus A320.

Mais ne chinoisons pas le court terme. Demain est un autre petit livre rouge. Et puis vertu et morale, le dalaï-lama s’en souvient encore, ne mettent pas de yuans dans la soupe politique.

C’est d’ailleurs, sans doute, ce réalisme qui a conduit notre premier ministre à ignorer le procès en cours du dissident Liu Xiaobo. Dissident ex participant du printemps de Pékin en 1989 qui vient d’être condamné à 11 ans de prison pour avoir osé réclamer la liberté d’expression et d’association, autrement dit une Chine démocratique.

Au poids de la balance commerciale Chinoise, notre premier VRP a sans doute vite soupesé qu’il fallait prendre les droits de l’homme avec des baguettes.

vendredi 25 décembre 2009

Noël aux cartons


Avant de convoler pour Marrakech mettre son petit bling bling dans la crèche, notre premier communicant vient de nous facebooker un petit message, nous souhaitant d’excellentes fêtes et nous invitant à avoir le sens du partage et à l’esprit les valeurs qui font la solidarité nationale et une pensée pour ceux qui sont en difficulté, qui souffrent en ces temps de fêtes .
Genre de réveillonneries toutes faites à verser dans le bêtisier récurrent des indigestions de bûche dont la sincérité frise celle des sapins synthétiques ressortis chaque année du placard à noël.
Pensait-il alors aux 338 personnes sans domicile fixe mortes depuis le début de l’année 2009 sur notre beau territoire dont la moyenne d’âge est de 47,6 ans ?
Pensait-il particulièrement à ces douze morts de la rue enterrés depuis le début décembre ?
Ces douze morts dans leur crèche de carton entre deux chiens pour tout âne et bœuf.
Ou simplement soudain enivré par un abus d’or, d’encens ou de myrrhe ou un orgasme identitaire se remémorait-il ses propos de candidat en 2008 : Je veux si je suis élu président de la république que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Le droit à l’hébergement c’est une obligation humaine. Si on n’est plus choqué quand quelqu’un n’a plus un toit lorsqu’il fait froid et qu’il est obligé de dormir dehors, c’est tout l’équilibre de la société, où vous voulez que vos enfants vivent en paix, qui s’en trouver remis en cause .
A moins que ces 338 morts soient décidément des mauvais Français qui refusant de se lever tôt pour gagner plus se révèlent en réalité de dangereux terroristes genre saboteurs millevachiens de rails qui ne visent qu’à méchamment mettre en contradiction les neurones présidentiels en se faisant même exploser le thermomètre.
Allez ne faisons pas le fine bouche en ces temps de marrons, remercions notre honoré chanoine de Latran de ses vœux pieux comme le monde.

mercredi 23 décembre 2009

Beurs

Beurs tartine un toast en hexagone
Noirs et blancs
Venus de pays
Là-bas le soleil
Rime un chant autochtone

Oc parlait Provence
Repartit oil le noroīt

Shake-hand de parler
Polyglottes les ondes

La Loire charriait souvent
Chéchias de légionnaires
Et Mains de Fatma

Verbes
De palinodiques Politicards
Jacqueries de franchouillards
Offusquaient de bons citoyens

Parents, enfants
Cousins germains
Zizou
Ben Ichou
Le soldat inconnu

Des mamans
Nostalgie
Evoquait leur henné

Toutefois
d’aucuns se demandaient
où retourner

Français naguère
Pépé mémé gisaient sous terre

Le même cimetière
Partageaient
Mathias Thérèse Hubert

Des voisins
Des amis

Effluve du passé la souvenance

Des dimanches
De concert on savourait
Une choucroute
Une tranche de salami


Chez Ali
Le vendredi
Sa femme préparait un couscous

Des verres de thé
Trinquaient avec un médoc

Tolérance
Chacun sirotait quiet sa liqueur


J'ai trouvé ce poème d'Abdellatif Belhirch au hasard du net
plus parlant sur l'identité partagée que toutes les saillies
assassines de nos ministres.

mardi 22 décembre 2009

L'identité au faciès

Décidemment Sarko éclatera dans l’Histoire comme l’Iznogoud le plus malhabile, spécialiste du retour d’arrosage et de flamme, sans doute victime des âneries de ses conseillers thuriféraires plus courtisans que stratèges médiatiques, mais aussi de sa soif inextinguible de pouvoir qui l’entraîne en permanence dans des postures ridicules de bonimenteur et des calculs de boutiquier populiste. Ainsi ce débat sur l’identité nationale pompé sur l’exemple mitterrandien qui en d’autre temps, en soulevant le couvercle de l’immigration, avait mis le FN dans les pattes électorales de la droite, qui, lentement, se retourne contre le pompier pyromane. Non seulement, à travers cette sordide utilisation de l’Histoire, Sarko ne va pas gonfler son bas électoral, mais plutôt remettre en selle Marine et sa bande de joyeux bouffeurs de beurs. Le diabolique calcul mitterrandien avait privé jadis Jospin d’un second tour. Le stratagème sarkosien devrait paradoxalement assurer un bon résultat à la Gauche aux régionales, sauf qu’à l’occasion le FN va retrouver de belles couleurs nationalistes. Car on perçoit bien, à l’occasion des débats, que l’immigration est au cœur des échanges autour de l’identité nationale. C’est un débat sur l’identité au faciès. Quand Nadine Morano, fustige le parler verlan ou le port de la casquette à l’envers, la cible de son regard ne fait aucun doute. Et malgré ses dénégations, elle place bien le débat sur le jugement d’une image extérieure partagée par une communauté. Comment ne pas penser à l’image surannée de la baguette et du béret, la bien française…Mais parler verlan, par identification à un groupe, comme d’autres bien blancs parlent argot, n’indique en rien que le locuteur n’est pas capable de s’exprimer en parfait français. En parfait Français ? 50% des Français souhaitent l’arrêt de ce déballage, les pétitions se multiplient à ce sujet, gageons que notre Iznogoud préférera creuser sa fange.

Pour le plaisir :

Lettre de Mouloud Baubérot à Nicolas Sarkozy

12/12/2009

Cher Nicolas, Mon cher compatriote,

Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresse à tes « compatriotes musulmans », et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog.
Comme une lettre ne doit pas rester sans réponse, alors j’ai décidé, à mon tour de t’écrire. Après tout, toi aussi tu es mon « compatriote ». Et puis, comme je suis professeur d’histoire en terminale, j’ai l’habitude de corriger des copies.

Nous allons le voir, il y a plein de belles idées dans la tienne, et je vais pouvoir te citer souvent.
Mais tu as commis une légère erreur de perspective, qui gâche un peu ton propos. Et comme cela vous concerne en particulier ton frère siamois et toi, permets-moi de la rectifier.

Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient de Constantine, ville française depuis 1834 et chef-lieu d’un département français depuis 1848. Nous sommes donc d’anciens Français.
D’autres nous ont rejoints peu de temps après et sont devenus Français, en 1860, tel les Niçois et les Savoyards. Nous avons intégré volontiers ces "nouveaux arrivants" et avons ajouté la pizza à nos coutumes alimentaires.

Et au siècle suivant, d’autres sont encore venus. Certains de l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très « accueillants », nous autres.
Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en 1944.
Nous sommes tellement « accueillants » que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République.
Comment être plus accueillant ?

Mais il ne faudrait quand même pas tout confondre : entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Ne l’oublie pas.

Ceci précisé, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu écris :
Moi, Mouloud, l’accueillant, j’offre à ton frère siamois et à toi-même, « la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter ». Mais je demande, à « celui qui arrive, le respect de ce qui était là avant vous »
Et, je vais y revenir, quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée, avec un beau minaret.

Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire « l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire [y compris en classe de terminale], (ma) civilisation), (mon) art de vivre. »
Tiens, je t’invite volontiers à manger un couscous avec moi.

Mais, naturellement, toi « qui arrives », ou toi dont c’est juste le père qui est arrivé, je te demande, comme tu l’écris toi-même, d’avoir « la volonté de (t)’inscrire sans brutalité, comme naturellement, dans cette société que (tu vas) contribuer à transformer, dans cette histoire que (tu vas) désormais contribuer à écrire. »

« Sans brutalité » : tu as bien raison, c’est important ça.
Nous, anciens Français, nous ne jouons pas au matamore, au « tu causes tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » ; nous n’aimons pas trop tout ce qui est « bling-bling ».
Nous aimons, tu le soulignes, « l’humble discrétion » et nous comptons sur toi pour être exemplaire dans ce domaine.
Nous comptons sur toi, pour, comme tu affirmes que cela doit être le cas des « nouveaux arrivants », de te « garder de toute ostentation et de toute provocation ».
Car, toi dont le père a fui le totalitarisme, tu dois être bien « conscient de la chance que (tu as) de vivre sur une terre de liberté ».

Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux « valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale ».
Vu ta fonction, il faut que tu l’apprennes vite car « tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec. »
Mais, je ne suis pas inquiet : tu es très doué
Donc, il suffit que je te précise un peu les choses, notamment sur la laïcité dont je parle souvent à mes élèves dans mes cours de terminale, et tu obtiendras une brillante note.

D’abord, la laïcité, ce n’est nullement « la séparation du temporel et du spirituel » comme tu l’écris.
Cette expression, elle fleure le Moyen Age, la société de chrétienté, bref l’exact contraire de la société laïque.
Comme tu as publié ta tribune le 9 décembre, jour anniversaire de la « séparation des Églises et de l’État », ta formule est particulièrement malheureuse.
Le « spirituel » et le « temporel », ce sont des notions théologiques, et cela connotait des pouvoirs.
La lutte de l’Empereur et du Pape, c’était la lutte du « pouvoir temporel » pour s’imposer face au « pouvoir spirituel ». Deux souverainetés.
En laïcité, seul « le peuple » est souverain, et donc le seul « pouvoir » est le pouvoir politique qui émane de lui. Le pouvoir, écrit Max Weber, a « le monopole de la violence légitime » : il peut réprimer par la loi.
La religion n’est pas sur le même plan. Et peut avoir, elle, autorité, si on est convaincu de sa validité.
Mais elle ne doit pas disposer de pouvoir.

Bon, la première leçon étant apprise, passons à la seconde.
Elle concerne aussi la laïcité.
Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet.
Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore.
Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin, « petite patrie » de mon frère siamois.
Mais si je te raconte cela, ce n’est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c’est pour rappeler l’Histoire tout court.
Car nous avons été environ 100 000, oui cent mille, musulmans a mourir au combat pour la France.
Nous étions déjà tellement « arrivés » en France, que nous y sommes morts !

Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée « métropole ». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément.
Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr.
Elle avait décidé, en 1905, de « garantir le libre exercice du culte » (Article I de la loi de séparation).
« Garantir », c’est plus que respecter. C’est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.

Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ?
Cela n’a vraiment pas été un problème. Bien au contraire.
Et pourtant, ils étaient très laïques, tu sais, plus laïques que toi, mon chanoine, les "rad’soc" (radicaux-socialistes), les Édouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.

Tu sais, j’aime bien fréquenter les bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage d’un historien qui retrace l’histoire de cette construction. Et c’est fort intéressant.
« Il est à remarquer, écrit son auteur, Alain Boyer, que personne n’a soulevé à l’époque le problème de la compatibilité de cette subvention avec l’article 2 de la loi de 1905, concernant la séparation des Églises et de l’État qui dispose que la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ; il aurait pu d’ailleurs être répondu que l’État ne finançait que la partie culturelle, l’institut, et non pas la mosquée proprement dite, c'est-à-dire le lieu de culte. »

« Il aurait pu être répondu» :
Donc c’est plus tard que l’on a justifié ainsi les subventions de l’État et de la ville de Paris. Sur le moment, on s’est contenté de trouver cette construction nullement incompatible avec la loi de séparation.
C’est ce que l’on appelle une rationalisation a posteriori.

Vois-tu, comme moi aussi je suis historien, je me permets une autre interprétation, qui me semble fort plausible.
On a aussi raisonné par analogie : en effet la conséquence de l’article 1 de la loi de 1905, de sa garantie du libre exercice des cultes avait été double :
- d’une part la mise à disposition gracieuse (donc manque à gagner par absence de loyer) des édifices du culte existants en 1905 et propriété publique (des milliers et des milliers !), mise à disposition aux religions correspondantes à ces édifices (et on y a ajouté presque tout de suite le droit de faire des réparations sur fonds publics) ;
- d’autre part, la possibilité (prévue dans l’article 2 lui-même) de payer des aumôniers pour garantir le libre exercice du culte dans les lieux clos : hôpitaux, prisons, armée, internats des lycées,…

On s’est dit : étant donné tout ce que l’on consent financièrement pour garantir l’exercice des cultes catholique, juif, protestant, c’est bien le moins de donner des subventions publiques pour une Grande mosquée et son minaret.
D’ailleurs le père de la loi de 1905 Aristide Briand avait dit à son propos : « En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »


De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets.
Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré :
« Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il ne montera vers le beau ciel de l’Ile de France qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses. »
Et tous les dirigeants et militants laïques présents l’ont chaleureusement applaudi.

Ils étaient comme cela les laïques : ils assumaient, mais ne voulaient pas « valoriser » les « racines chrétiennes de la France ».
Ils estimaient, au contraire, que le pluralisme religieux faisait partie de son histoire, de son identité nationale laïque.
Et plus il y avait de prières différentes, plus ils étaient contents.

J’ai plein d’autres choses à t’écrire à propos de ton discours. Mais la bonne pédagogie veut que l’on ne cherche pas à en dire trop en une seule fois.
Pour le moment, assimile bien ces deux premières leçons.
Écris-nous vite une seconde tribune qui rectifie le tir.
Et on reviendra ensuite sur le « communautarisme » notamment, car la (en un seul mot ?) il y a aussi quelques petites choses à reprendre.


Ton cher compatriote
Mouloud Baubérot

mercredi 9 décembre 2009

Toussaint en décembre

«... J’écoutais Marie en silence, j’avais fermé les yeux, et j’entendais sa voix passer de mon oreille à mon cerveau, où je la sentais se propager et vivre dans mon esprit. Je n’écoutais pas vraiment ce qu’elle disait, abattu par la nouvelle dont je ne parvenais pas encore à prendre la mesure, j’écoutais simplement sa voix, la texture fragile et sensuelle de la voix de Marie. Je me sentais submergé par l’envie de pleurer, et je me raccrochais à cette voix douce qui me berçait, je collais avec force l’appareil contre mon oreille pour faire pénétrer la voix de Marie dans mon cerveau, dans mon corps, au point de me faire mal, de me rougir le pavillon de l’oreille en plaquant le plastique chaud, moite, humide, de l’appareil contre ma tempe endolorie. Les yeux fermés et sans bouger, j’écoutais la voix de Marie qui parlait à des milliers de kilomètres de là et que j’entendais par-delà les terres infinies, les campagnes et les steppes, par-delà l’étendue de la nuit et son dégradé de couleurs à la surface de la terre, par- delà les clartés mauves du crépuscule sibérien et les premières lueurs orangées des couchants
des villes est-européennes, j’écoutais la faible voix de Marie qui parlait dans le soleil du plein après-midi parisien et qui me parvenait à peine altérée dans la nuit de ce train, la faible voix de Marie qui me transportait littéralement, comme peut le faire la pensée, le rêve ou la lecture, quand dissociant le corps de l’esprit, le corps reste statique et l’esprit voyage, se dilate et s’étend et que, lentement, derrière nos yeux fermés, naissent des images et surgissent des souvenirs, des sentiments et des états nerveux, se ravivent des douleurs, des émotions enfouies, des peurs, des joies, des sensations, de froid, de chaud, d’être aimé, de ne pas savoir, dans un afflux régulier de sang dans les tempes, une accélération régulière des battements du cœur, et un ébranlement, comme une lézarde, dans la mer de larmes séchées qui est gelée en nous… »


Voilà ce style magnifique qui nous transporte c’est du Jean Philippe Toussaint extrait de « Fuir » dont la moitié du livre se passe en Chine. « Fuir est le prolongement de « Faire l’amour » paru en 2002 dont l’action se passe au Japon.

dimanche 6 décembre 2009

Sur la voûte des yeux


Mille lunettes braquées
Sur ses années lumière
L’homme fabrique du ciel
Pour sa langue d’étoile

En lui chaque jour s’ouvre
La fleur d’une planète
Qui met en orbite la terre
Sur la voûte des yeux.


allez découvrir le travail de Jean-François Bourasseau sur son blog:
http://fafagraf.blogspot.com/

vendredi 4 décembre 2009

Boules de noël


Alors qu’on lui demandait le secret de sa longévité, Churchill aurait répondu : « cigares, whisky and no sport ! » Pas de sport …L’actualité récente lui donne sacrément raison et pas la classique actualité des gradins où l’affrontement entre joyeux voyous et autres gais skinheads déborde régulièrement les stades, non celle d’un sport qu’on imaginait vraiment sans risque vital pour ses participants, la pétanque, autre glorieuse identité française. Voilà que deux faits divers viennent de nous rappeler l’extrême dangerosité de ce sport, et même pour ses collatéraux. En effet le 9 novembre, lors du traditionnel dîner dansant du club de pétanque alsacien de Kaltenhouse, 165 personnes ont dû être hospitalisées à la suite d’une intoxication au monoxyde de carbone. Le président du club a déclaré l’incident incompréhensible précisant : » le foyer communal a été rééquipé de neuf voici quelques semaines. L’installation est nickel. Les hottes aspirantes se déclenchent dès qu’on allume le gaz »…Alors mystère et boule de gomme, basse vengeance de quelques cocus mabouls des belles dégommades américaines type Fort Hood ou autres ? J’ignore si une enquête criminelle a été rondement diligentée pourtant ce mardi premier décembre, dans l’indifférence générale, en début d’après-midi un homme de 54 ans a perdu la boule et tiré au fusil de chasse sur une dizaine de personnes se trouvant sur le boulodrome de Saint-Jean-d’Angély, pas au Texas, en Charente-Maritime. Selon les premières circonvolutions hypothétiques, il voulait abattre…L’amant de sa femme. Résultat un mort et quatre blessés graves sans compter le tireur qui un peu plus tard s’est chevrotiné. Voilà, pour le moins un beau carreau. Tu tires ou tu pointes ? Décidemment imaginer que dans chaque pétanqueur à l’accent se cache peut-être un assassin, ça fout les boules. Allons revenons aux fondamentaux, cigarettes whisky et les ptites pépées…et surtout no sport sauf en chambre.

mercredi 2 décembre 2009

Autoportrait au miroir


















Fixes-tu ton visage
Pour déchiffrer ton âme
Cherches-tu une figure
Pour enchanter demain ?

Nous dans ton image
Nous caressons nos traits
Lissons le temps qui passe
A ta beauté touchante.

Trempes-tu ton regard
Dans l’onde du présent
Cherches-tu un miroir
Pour franchir l’enfance ?

Nous dans ton paysage
Nous baignons de lumière
Retenons le reflet
D’un amour accompli.

Lou a 18 ans aujourd'hui

mardi 1 décembre 2009

blues de décembre







Voilà décembre
Son manège de feuilles
Dans les jardins rouillés
Son vitrier qui passe
Pour un soleil cassé
Voilà décembre
Sa toupie de lumières
Sous un ciel en peluche
Son œil qui clignote
Dans la buée des vitrines
Voilà décembre
Son vertige de jouets
Son ours en Coluche
Que serre l’enfant
Dans les restos du cœur.