lundi 1 février 2010

Prescription poétique/1


Quand je pense que j’ai enchaîné quarante ans d’un métier absolument dénué de la moindre étincelle, lâchement accepté pour quitter un nid familial épineux et enchristé et voler de mes propres illusions, quand je pense à cet emprisonnement alimentaire, Ah ! le pain quotidien ! à cet asservissement lobotomique dont je me suis, le moins mal possible, protégé par la subversion syndicale et … poétique. Comme Molière ne sachant pas alors que je m’auto appliquais une médication frissonnante dont j’aurais pu faire un métier. Comme on dit parfois réaliser une vocation… Quand je pense, au moment où je peux couler enfin, pour la seule verticalité, des jours et des jours de vers libres, que j’aurais pu être Poètologue ou Poèsie-thérapeute, comme me le suggère un article du dernier Psychologies magazine et proposer à la manière d’un certain Jacques de Coulon, philosophe suisse, des « Exercices de poésie-thérapie ». Ah ! le pied (poétique) ! vivre du taquinement de sa muse, de sa propre respiration poétique. Mieux, communiquer ce souffle, alléger par le verbe ailé la desespérance.

Ah ! Je me vois au bord du divan velouré rouge, ayant de beaux restes de mes noirs ensoutanements, mesurant doctement la meilleure prescription, finalement murmurer : Pour votre soulagement vous me direz de Robert Desnos deux :


Je vous salue vous qui dormez
Après le dur travail clandestin,
Imprimeurs, porteurs de bombes, déboulonneurs de rails, incendiaires,
Distributeurs de tracts, contrebandiers, porteurs de messages,
Je vous salue vous tous qui résistez, enfants de vingt ans au sourire de source
Vieillards plus chenus que les ponts, hommes robustes, images des saisons,
Je vous salue au seuil du nouveau matin…


Et de Jacques Prévert trois :


Notre Père qui êtes aux cieux Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec
son petit canal de l'Ourcq…


Et pour la prochaine fois vous lirez de Guillaume Apollinaire La chanson du mal aimé: Un soir de demi-brume à Londres…et d’Arthur Rimbaud Le dormeur du val : C’est un trou de verdure où chante une rivière…

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