vendredi 19 mars 2010

Le jeu de la mort/2

81% des participants à ce terrible jeu ont donc fini, sans état d'âme par « tuer » leur « adversaire ». 17% ont fait preuve de résistance, mais cependant, après avoir accepté contractuellement de participer à un jeu dont on leur explique préalablement très clairement les règles, et donc leur rôle de bourreau potentiel. Comment expliquer alors un tel comportement ? Un tel aveuglement devant l’horreur de la demande ? Quand des expériences (voir Rue 89) ont montré que des animaux placés dans des conditions proches refusent de faire souffrir leurs congénères.

On peut fouiller la nature humaine, son rapport viscéral au mal. Nous ne pouvons que constater, à ce stade de notre prétendue évolution, la régression de la valeur de l’autre. Sans doute, là encore, devons-nous interroger l’évolution de notre société. De la bouffée printanière de 68 si étouffante pour nos actuels gouvernants à la régression culturelle entretenue aujourd’hui. Que reste-t-il des questionnements émancipateurs ? La société a basculé vers la marchandisation de l’ensemble des valeurs humaines. La moelle de nos vies au service du tout économique.

La réussite, forcément individuelle, est mesurée à l’aune de la possession, à 50 ans, d’une rolex. Les passeurs d’éducation et de socialisation sont piétinés, l’instituteur relégué derrière le curé. Le temps disponible pour les enfants sacrifié par le « travailler plus » pour l’idéologie du « gagner plus ». Le curseur de la possession décale, alors, toujours, celui de la frustration. La frustration celui de la violence ressentie puis banalisée. Le poison libéral gagne surement les cœurs. Etre ou avoir. Etre ou paraître. L’homme cède surement aux totems libéraux, à leur médium comme la télévision. Même la désespérance aujourd’hui a un coût. Ne voit-on pas, à ce moment de casse des entreprises, les ouvriers non pas lutter pour la survie de leur emploi, mais pour empocher la prime de départ la plus sonnante. La classe ouvrière est morte. L’esprit collectif a été miné par la religion de l’individualisme. Chacun est seul devant sa progressive réduction vers le maillon faible, au point, comme à France Télécom, de ne trouver solution que dans le suicide.

Alors dans ce jeu de la mort économique, l’autre est devenu transparent, quand il n’est pas le concurrent puis l’ennemi. Dans ce combat pour la survie consumériste, la violence a été intégrée comme une option parmi d’autres.

Alors, faut-il totalement désespérer ? La crise rebrassant les valeurs, on a cru un temps à un changement possible et à retour à la résistance d’un nombre suffisant d’individus pour réimposer un combat pour la dignité de l’homme.

A quel niveau de décharge sommes-nous dans le jeu en cours de la mort de la démocratie.

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