jeudi 6 mai 2010

ne pas



Tirée de l’âme pour se ficher tout droit dans l’œil, la photo cherche l’obscur soleil, le creux de l’autre œil qui va la déchirer définitivement de son premier cri, la ré-enchanter de sa chair perdue, la raccrocher à la vie. Maintenant tenue à un fil de lumière, elle peut arracher au jour l’instant.
Pourtant, devant cette photo de Michel Godeau, l’instant prête intrigue. On sent l’extrême tension du déclenchement avant de suspendre le temps. L’envie de fixer, aussi, l’entaillement de l’œil, de retarder l’après-coup, d’installer narration dans la prédation.
Alors qu’y prélever ? Qu’y lire ? Deux mots s’accommodent du flou, rabotent le mouvement : Ne pas. Et l’âme selon son penchant va se pendre au vers de Villon ou virer au fer de Calder. Grincer ou huiler l’air.
Tirée de l’âme pour pivoter dans l’œil, la photo becquette ou sculpte, sort l’oiseau de la langue. Les mots prennent garde de ne pas s’y brûler les ailes.

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