mercredi 26 mai 2010

Soif de jeunesse



La France a peur lucarnait l’autre, en l’an 1976, suite au meurtre du petit Philippe Bertrand.
La France a peur, a toujours peur de quelque chose, de façon irraisonnée. La France adore les grands frissons collectifs allumés et largement attisés par les médias.
La France, du calendos, de la baguette et du pastis. Cette France bizarrement hystérique, les soirs des olas et cris cocoricos, qu’on voit s’enflammer pour le moindre pet footballistique.
Et cette France, cette fois, a peur des apéros facebook. Quand on sait le taux d’alcool qui, en moyenne, décape, annuellement, les veines tricolores, on mesure l’hypocrisie concitoyenne. Mais n’est-ce pas réflexe d’assoupis, de déjà morts, licheurs en douce, devant un phénomène qui les désarçonne parce que né de la virtualité. Ce passage de l’échange à distance au trinquement réel est un choc pour une génération de kermesses et de boums qui observent avec suspicion ses boutonneux enfermés des heures dans leurs écrans et soudain prêts à franchir leur solitude pour simplement faire la fête. Comme si elle n’avait jamais tâté, en son temps, à ses propres petits véhicules paradisiaques.
La France adore se faire peur, l’ennui c’est que ses humeurs passagères altèrent aussi le jugement des politiques et huilent leur mauvais penchants répressifs. Ainsi lors du dernier apéro parisien, on pouvait dénombrer plus de képis rougeauds que de visages pâles de facebookeurs. Du coup le ridicule tue les peureux et pleureuses.
Depuis toujours La France mûrissante puis vieillissante a peur de sa jeunesse, du fameux péril jeune. Au moins pourrions-nous nous interroger sur la place, la qualité de vie que nous avons contribué à lui donner. Chômage, précarité, pauvreté, dépendance, exploitation, illusion consumériste…Sans doute de quoi avoir envie de transgresser un monde trop codé et tristounet voire sans issue.
Comment ne pas comprendre ce défouloir, cette envie de rencontre. C’est vrai que cette capacité de mobilisation d’une foule sur un clic peut inquiéter. C’est vrai qu’à des rassemblements apéros, je préfèrerais des rassemblements rouges cerise. Des rassemblements joyeux conduisant à dépaver nos rues, remonter des barricades boulevard St-Michel, déboulonner nos veaux d’or, briser les écrans de nos vies. C’est vrai que je préfèrerais des défoulements grand coup de pied dans nos poubelles, nous remettant en face de nos belles idées, piétinant nos fausses valeurs.
Quitte à trinquer que la jeunesse lève son verre à des lendemains qui lui chantent

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