vendredi 6 avril 2012

Dans le jardin de mon père / 2 / Le pot à tabac gris





Papa vivait l’œil aux nues et le tympan collé aux voix météorologiques. Il interrogeait les almanachs et veillait aux dictons populaires. Observait le chat ou la grenouille. Il ne jardinait que selon les phases lunaires croissantes ou décroissantes, ascendantes ou descendantes. Avec les jours fleurs ou racines et ceux feuilles ou fruits. Et les trois d’apogée, de nœud et de périgée qui condamnent le jardinier au complet repos végétatif.
Il commandait ses semences chez « Les jardiniers de France », dont il était adhérent, dans cette grande époque des jardins ouvriers. Fins sachets de papier blanc ou sépia qui chantaient à l’oreille. Qu’il rangeait précieusement dans son ancien pot à tabac gris. Au-dessus du maigre pécule que lui ristournait maman sur la paye des fins de mois.
Aujourd’hui ce pot trône sur mon bureau où je déchire mes sachets de mots sur mes lignes de papier. J’y plante mes crayons.

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