samedi 14 avril 2012

Dans le jardin de mon père/ 4 / Coin de paradis



Un jour il a laissé rouiller ses outils dans un coin de la cabane. Il n’est plus allé au jardin. Un jour son corps l’a lâché. J’ai su qu’il allait mourir. Le jardin est retourné au brouillon. L’herbe a envahi sa belle écriture. Un jour il ne m’a plus parlé de mes jardinages.
Je ne vais pas le voir sous la dalle veinée noire. Son nom doré sur la pierre. Les deux dates bouts du cordeau de son passage sur terre. Je pense à lui sous les pissenlits, sous leurs capsules de graines qui s’envolent dans mes Larousse. A tous vents ces mots qui nous sèment. Je pense à lui sous mon cahier de terre.
Il croyait à une autre vie après. Quelque part sur nos têtes. Un grand jardin de curé où il reprendrait le plantoir et le cordeau, entre deux cumulus.
Paraphrasant Brassens, je doute, pour ma part, pouvoir jamais échanger mon petit coin de terre contre son petit coin de paradis. Même si j’avoue attendre, en ce printemps, sur mes fraisiers, laitues et autres oignons, l’eau du ciel comme une bénédiction.

Série de tableaux: Camelus

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