vendredi 14 septembre 2012

le chou (dans le jardin de mon père)






Etais-je trognon ? Comme on le dit aujourd’hui autour des berceaux. Je n’ai pas dans l’oreille de Mon chou ou mon ptit chou susurrés par ma mère ou lui. J’ai des Bout d’chou par certains familiers.
Dans les colos, quand le parisien était parigot tête de veau, j’étais le ventrachou
mais pas tête de chou. Un legs de chouannerie vendéenne.
Pommé, fleur ou Bruxelles, vert, violet ou bleuté, le chou traversait les saisons au jardin. Il les plantait de mai à novembre : Gros des vertus, Beauté de Marly, Pontoise, Merveille de toutes saisons ou Demi-nain de la Halle. A la mode de chez nous. Surtout bien borner le plant disait-il en obliquant la pointe.
J’ai cru un temps au père Noël, comme à l’éclosion dans les roses ou les choux. Je n’aurais pas osé les embêter sur la naissance. Puis j’ai douté devant le gros ventre lacté du chou-fleur ou la crèche de larges feuilles lisses du cabus ou cloquées du milan.
Mais naître dans ce giron quoi de plus beau symboliquement ? Grain d’étoile dans les spirales du Romanesco.






lundi 10 septembre 2012

Suzon à la télé



Voilà que Delarue décroche quand le moral des français est à la rue, qu’Hollande double les noisettes des bas de laine quand 21% des hexagonaux, selon un sondage matinal, ont ,tous les mois,leur compte bancaire dans les chaussettes. Voilà belles-mères et ménagères, accrocs du Paf maintenant en manque du gendre idéal et non moins sniffeur d’inconscient et montreur de belles douleurs. Et sans doute ces fins de mois et faims de moi, vont faire péter le prochain thermomètre des sondeurs occultes.
Sachant que déjà près de 70% des français broyaient du noir. Qui maintenant va prendre en charge cette psychose nationale qui nous vaut de battre le record des shoots collectifs ? Roselyne Bachelot dont on annonce le tailleur rose sur Direct 8 ? Le luxueux Bernard Arnault, un instant pressenti, semble plus attiré par les défilés du Manneken Piss et brusseler pour le cornet à 75% de frites. Quand à Bernard tapie, le brillant détourneur de nos impôts, il a bien trop affaires. Ayant à peine amarré son yacht de 40 millions, le voilà acquérant pour 47 millions « la mandala » modeste villa Tropézienne de 500 m2 et 2 hectares. Actuelle propriété d’un de ses amis, un certain Onofrio affairiste plusieurs fois condamné et néanmoins…citoyen Belge.
A moins que ma chère voisine Suzanne accepte de reprendre le créneau de Toute une histoire y transmettant ses petits bricolages pour arrondir de bonne humeur toutes les binettes bouchonnées.


vendredi 7 septembre 2012

Les Dahlias ( dans les jardins de mon père )




Vient au jardin ce moment magique du fleurissement. Gouachant, de blanc rose ou de violet, les rangs buissonnants des haricots ou allumant, de somptueuses corolles orangées, le vert dentelé des courgettes. À ces éclatements cycliques il ajoutait son propre embellissement floral.
Il disposait des fleurs, outre pour leur agrément, pour leurs vertus secondaires, protectrices ou pollinisatrices. Ainsi des œillets d’Inde entre les tomates, des capucines près des courgettes ou de la bourrache au bleu si secret. Celle du moucheron de Rimbaud amoureux de la bourrache et que dissout un rayon. Seul le dahlia n’était élu que pour son irradiant éclat.
Fréquentant la maison, Van Gogh, aurait délaissé ses tournesols, pour écraser ses couleurs devant les dahlias qui illuminaient le centre de la table et l’angle du buffet. L’été, il en rapportait de merveilleux bouquets que maman, qui ne jurait que par ses glaïeuls arrangeait en maugréant : ça ne tient pas en vase.
Mais il devait estimer que même éphémère leur beauté ne souffrait nulle remarque. Ni le rapide racornissement de leurs flammes comme le poudroiement mimosa de leur cœur sur le formica n’étaient susceptibles de froisser son bonheur. C’était sa fleur.
Maintenant la mienne. Ces fascinantes constellations rouges, blanches mordorées ou panachées brûlent au quatre coins de mon jardin.


mardi 4 septembre 2012

ECCE HOMO



La plupart l’appellent Suzon, ma voisine au tournesol. Suzanne lui va mieux. Dans ses yeux je vois toujours les prunelles de cette merveille fleur grimpante : la Suzanne aux yeux noirs.
Et puis son bonhomme de soleil m’a ramené, à ce qui restera pour moi, l’image iconique de l’été : le Christ restauré de Borja.
Le toilettage de cette œuvre de l’église du village a enflammé journaux et web. Depuis ses retouches au portrait christique, Cécilia notre artiste du dimanche et néanmoins octogénaire subit un véritable calvaire. Quelle injustice pour un geste totalement désintéressé et inspiré par la seule foi dans l’art.
Et puis sa réinterprétation naïve ou singulière n’a rien de sacrilège. Elle n’a, au fond, que fait redescendre ce larron divin de sa croix, sur terre quoi ! En lui redonnant face humaine, bonne bouille, le regard laconique devant un avenir plutôt biaisé. Terriblement humain, normal, un chômeur Quoi ! Pas le visage d’un de ses fils à papa qui se tire au ciel à la moindre crise capitale.
C’est vrai qu’à propos de mon bonhomme de Tournesol de Suzanne, ce bonhomme de peinture de Cécilia est un peu sommaire. Mais le peintre Elias Garcia Marquez, selon ses propres dires ne l’avait-il pas légué au peuple et écrit sous son tableau : ceci est le résultat de deux heures de dévotion à la Vierge de la miséricorde.
Alors miséricorde pour cette pauvre Cécilia et tressons lui couronne de lauriers plutôt que d’épines.


samedi 1 septembre 2012

Le bonhomme Tournesol




Le fond de l’air est si déprimant, même le mercure dévisse que je n’avais rien envisagé de plus morose, pour un come-back qu’une dérive autour de l’adjectif « normal », tant il me parait imbiber l’atmosphère et enregistrer la plate oscillation de notre cardiogramme hexagonal ambiant.
Et puis, hier soir, le hasard d’une visite à une voisine m’a cloué devant ce joyeux majordome aux mèches folâtres, aux mirettes Evian et à la banane estivale, planté au pied de la maison.
Et la dame de m’expliquer en souriant que son drille était, sans doute, le fruit des graines distribuées l’hiver aux oiseaux. Son bonhomme Tournesol qu’elle avait aussi naturellement fabriqué à ses 82 printemps que, petite fille, ses bonhommes de neige.
Rien de sénile dans les yeux malins de celle qui œuvra à la création des urgences à l’hôpital de Nantes, plutôt du pétillement. La réjouissante capacité de se moquer du temps qui passe. De prendre la vie par le soleil. De ridiculiser ce « normal » qui nous bouche les yeux.