dimanche 9 décembre 2012

Les petits pois ( Dans le jardin de mon père )




Un jour j’ai su qu’on pouvait, plus encore, que dans la lumière blessée d’une cour, se sentir arraché des siens, dans l’égouttement d’un silence de réfectoire, le nez forcé dans des petits pois de pension. Un jour j’ai su que le bonheur pouvait tenir dans un sac de billes vertes et que petits pois qui roulent pouvaient amasser mousse.
Ces petits grains ridés Téléphone dont il entortillait les rames et ces grains rond Serpette cent pour un avec leurs gousses en croissant de lune dont, en juin, on tranchait le pédoncule entre pouce et index. Qu’on fendait alors sur un saladier, répandant dizaine de mirettes vernissées et riantes.
Un jour j’ai su qu’on pouvait perdre l’enfance en gâchant le goût de ces petits pois frais qui sucraient mes printemps. Ces petits grains concentrant la richesse de l’instant comme dans ce haïku de Ozaki Hôan :
Loin de moi
La critique des autres
J’écosse des petits pois.

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