mardi 26 mars 2013

Le bol / 8 / Ding Ding Song.




On l’imagine posant pour un peintre. Ce bol dont l’ivoire un peu jauni au fil des lèvres infuse une lumière neigeuse. Sa coupe épurée et fine semble évaser un calice floral. On l’imagine ouvrant son cœur dès l’aube. On l’entend sonnant clair contre l’ongle. On le sent doux comme un visage dans la pulpe des doigts. On le voit sourire, peut-être au temps qui passe. On l’imagine rêver à la Terre.
Est-ce son motif fleuri, sa caresse magnétique ou son paysage tranquille qui avaient attiré son acheteur ? Sa blanche perfection ou le royaume secret de son cercle ? Il l’avait acheté 3 dollars pour le plaisir des yeux.
Pourquoi bien des années plus tard s’est-il décidé à le faire expertiser ? Sans doute lentement touché par sa beauté simple, absorbé par son énigmatique rayonnement avait-il fini par le voir comme une véritable œuvre d’art.
Bingo, il vient de revendre son bol chinois pour 2,23 millions de dollars. C’était un Ding millénaire de la dynastie Song.
Voilà maintenant l’homme riche mais pauvre de ce soleil pâle qui ouvrait chacun de ses matins.

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