mardi 9 avril 2013

Un poème est une épée




Les mots sont des épées contre les ventres des brouillards
, j’avais emprunté ce vers de Guillevic pour tenter de résumer l’esprit de mon blog au moment de sa création. Persuadé que l’expression poétique est le dernier rempart à la nuit et au brouillard de nos sociétés. Je viens de découvrir que les jeunes filles et femmes afghanes écrivent et clament le plus souvent clandestinement, des Landai, poèmes très courts souvent de deux vers pour crier leur enfermement religieux et mental, comme dénoncer leurs mariages forcés ou l’oppression de leur famille. Ils prennent parfois des accents plus politiques en s’attaquant à la présence militaire occidentale. Elles le font parfois au péril de leur vie. Ô séparation ! Je prie pour que tu meures jeune. Toi qui mets le feu aux maisons des amants…
Rahila était le nom de plume d’une jeune poétesse, Zarmina, qui s’est suicidée il y a deux ans. Sa belle-sœur l’avait surprise en train de lire ses poèmes d’amour au téléphone au cercle poétique de Kaboul Mirman Baheer qu’elle avait découvert en écoutant la radio. Sa famille en avait déduit qu’il y avait un garçon à l’autre bout du fil. Pour la punir, ses frères l’ont battue et ont déchiré ses carnets. La poétesse qui meurt jeune : Son souvenir sera une fleur piquée dans le turban de la littérature. Dans sa solitude, chaque sœur pleure pour elle.Écrira une autre jeune poétesse après son suicide.
Landai en pachtoune signifie « petit serpent venimeux »… Pour le cercle poétique Mirman Baheer, un poème est une épée.



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