mercredi 11 septembre 2013

L’étoile du port





Il disait ma môme les calots pleins d’écume pour cette fricoteuse, cette onduleuse du juke-box. Avait vendu sa Rose des vents pour s’ancrer à ce bout du port dans l’outremer de ses yeux. Avait largué sa vareuse, cloué sa bouée par-dessus bar, tirer un dernier trait de chalut avant de s’arrimer au zinc. Se retrousser les manches pour offrir à sa Roxane un balcon étoilé. Il disait ma môme à la crête des verres qui moussaient sur les tables. Ces gueules qui choquaient leur vague à l’âme.
Mais la belle avait des hanches à chahuter tous les amers, un cul à chavirer les solitudes. Mais la belle avait des mains à embrouiller toutes les déglingues, un cœur à noyer tous les naufrages. Mais la belle rêvait du large à l’étrave du café. Et puis est venu Karl se planter dans son ciel. Embobiner sa peau. Il disait ma môme en éclusant cul sec ses nuits effilochées, en trinquant aux aubes titubantes. Il disait ma môme en chialant sur ce corps étendu dans la sciure, glougloutant de sang chaud.

sur un tableau de Jean-François Bourasseau

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