jeudi 31 janvier 2013

La fève / Dans le jardin de mon père






Le dernier dimanche de janvier, il triait de grosses graines aplaties, sorte d’embryons ivoire. Sa collection de fèves précieusement glanées aux cosses séchées. Loin de mes propres figurines en plastique ou porcelaine tirées des galettes épiphaniques mais qui avaient à ses yeux bien plus de prix que mes babioles. Non pour leurs multiples avatars glorieux et sulfureux qu’il méconnaissait, réceptacle des âmes dans l’antique Egypte, jetons de sort ou vote à Rome et Athènes…
Mais parce ce que ce légume de l’âge de bronze, prisé par Pline ou abhorré par Pythagore était aussi le premier qu’il enterrait en poquets début février. Variété Aquadulce ou Séville dont il pinçait les tiges au sixième bouquet de fleurs joliment soulignées d’un violet noir. Taille pour que forcissent les gousses et déchantent les pucerons qu’il réduisait au besoin au jus de tabac.
Quel plaisir en juin de prélever les longues capsules duveteuses et décoller de leur fourreau velouté ces fèves dont le dérobement de la première peau faisait éclater dans l’assiette un magnifique grain vert amande. Là oubliant toutes spéculations pythagoriciennes ou digressions gréco-latines, je dégustais à la croque-au-sel ce manger des dieux cher à Brillat-Savarin.




mercredi 30 janvier 2013

Biche...oh ma biche...



Voilà des casseurs éclairés qui savent adapter le bon outil à l’usage exigé. De bons ouvriers qui ont préféré hier, pour pénétrer dans le Zoo de Mervent, à la pince-monseigneur le pied-de- biche. A moins que ce ne soit des pince-sans-rire…

samedi 26 janvier 2013

1, 2, 3 mésanges…






Vous pensiez, ce week-end, compter les manifestants pro mariage, les grains de beauté de votre amour ou les moutons. Vous pensiez compter sur les autres, de tête ou jusqu’à trois. Vous pensiez compter vos cheveux blancs, les fautes ou les gouttes. Vous comptiez partir.
Vous pensiez tweetweetez, vous devrez cui-cuitez. Au balcon ou à la fenêtre, au parc ou au jardin, l’observatoire des oiseaux compte sur vous pour recenser mésanges, chardonnerets, corneilles ou grives, pies ou pinsons… et saisir votre décompte sur le site oiseauxdesjardins.fr. Vous comptiez vous ennuyer ce week-end, vous verrez comme le temps passe vite à prendre ainsi la plume.

vendredi 25 janvier 2013

Le bol /5/ Le bol recollé.




Parfois les dents du râteau me ramènent un tesson de faïence, un triangle écorché d’un beau vert foncé, puis un autre à la découpe moins géométrique. Que je jette dans une vieille boîte en fer blanc. Me rappelant ces fins éclats de bouteilles polis par la mer que nos filles ramassaient précieusement derrière l’écume avec les coquillages. Leurs trésors, parfois réserve à colliers ou jolis collages d’une fête des mères.
Là, il suffirait, sans doute, que mon bêchage remonte une dizaine de morceaux pour qu’étalant sur la terre ces pièces de puzzle, le ramasseur d’ammonites se trouve un âme d’archéologue et retourne avec fébrilité tout le jardin. Espérant recoller grossièrement un bol dans la facture de ceux qu’on découvre parfois derrière les vitrines de petits musées d’histoire locale. Raccommoder peut-être un vieux bonheur familial rompu un jour de colère.

mercredi 23 janvier 2013

Monmon, Momone





Ce 23 janvier, c’est de nouveau la page obsèques qui m’offre l’actualité la plus poétique. J’y lis l’avis de décès au Château-d’Olonne d’Armand Murail dans sa 70ième année et un peu en dessous celui de Linette Sedek à Olonne-sur-mer dans sa 65ième année. Pas de quoi remuer ciel et terre, direz-vous, sauf que l’avis précise : Armand dit « Monmon » et Linette dite « Momone ». Distant d’à peine quelques kilomètres, l’un a pourtant, sans doute, toujours ignoré la vie de l’autre et voilà que la camarde non contente de les faucher le même jour les conduit à reposer dans le même funérarium. Ainsi, clin d’œil du destin, les bien surnommés Monmon et Momone qui n’ont jamais partagé leurs jours poinçonnent ensemble leur entrée dans la nuit éternelle. Pourtant l’un a choisi l’inhumation, l’autre la crémation. L’histoire ne dit pas si Monmon l’homme de la terre a apporté un bouquet pour Momone la fille de l’air qui, comme précisé, ne souhaitait sur son cercueil que des fleurs naturelles.


dimanche 20 janvier 2013

Le bol /4/ Le bol des filles.




Loin de mon enfance toute faïence, aussitôt le biberon, dans leur âge le plus tendre, mes filles ont vécu leurs années plastique. Matière qui, dans les années cinquante, à travers le formica, a envahi les cuisines de nos adolescences ravalant le rouge merisier campagnard à une essence de brocante et livrant nos beaux meubles fruitiers aux intérieurs Maison et jardin des bobos. Ainsi mes filles ont eu chacune leur petit bol moulé au décor animalier avec bien collées sur le côté ses deux oreilles plates.
Puis des bols colorés en grès,contrairement aux nôtres,ansés d’un fin pavillon creux et décollé où elles passaient l’auriculaire. J’ai tant goutté ces moments élastiques du dimanche ou bousculés de la semaine juste avant de quitter la maison pour l’école. Quand la coupe soudain avalait presque entièrement leur jolie frimousse découpant autour la lumière griffonnée de leurs cheveux. Jouaient-elles secrètement, têtes cachées, comptant jusqu’à trois, avant de courir dénicher le soleil ?
Parfois la petite reposant brutalement sa tasse nous criait hou ! Riant follement de notre tressaut. Sur le nez la tache marron glacé d’une goutte de chocolat.




vendredi 18 janvier 2013

Avec trois ça ne rentre pas.






















Vous n’avez pas pu la rater dans les défilés bleus/ roses, l’égérie fofolle des anti-mariage pour tous, la nouvelle Jeanne d’Arc des cathos. La Frigide Barjot. A quoi joue celle qui le 13/07/2007 accompagnait de ses vœux le symbolique mariage de 2 potes homos et met maintenant ce même mariage à l’index. Index accouplé au majeur qu’elle élit à tout autre organe pour pénétrer et explorer les voies divines du plaisir. Ce qui ne peut que réjouir les coincés de la contraception mais gravement nuire à la multiplication de petits enfants de la patrie et des bénitiers. Son engagement est-il doigt d’honneur convaincu à la cause homo, défense d’un fondement de l’église ou gros coup de pouce à son image médiatique de conifère ou écrevisse à la nage ?




mercredi 16 janvier 2013

L’ancienne épicière.










On a chacun nos petits rituels devant notre quotidien local, en l’occurrence Ouest-France dans notre Vendée profonde. Ainsi, aussitôt avalé mon bol, je commence toujours sa lecture par la dernière page pour finir par l’éditorial. D’aucuns commencent par la page Obsèques . Je connais même certains anciens qui affirment n’acheter le journal qu’essentiellement pour cette page. Façon avec la saute des ans et la prise d’années, parfois une plus grande immobilité, de suivre les copains ou copines d’avant. De ne pas rater le coche du dernier ou de la dernière devant qui on va mettre une croix sur la vieille photo de classe. Par exemple Annick Gousseau née le Bouquin et décédée le 10 janvier 2013 dans le service « Les oiseaux » de la maison de convalescence de Puilboreau. Dont l’avis de décès précise : « Ancienne épicière ». Rare et poétique précision nous rendant, d’emblée, cette inconnue sympathique et l’auréolant d’un réel prestige. On la voit affairée, du matin au soir, dans son étroite boutique achalandée du sol au plafond, équilibrant en bavardant sur sa Roberval les poches des fruits ou légumes de nos mères ou les petits sachets dans lesquels, en nous souriant, elle avait glissé, puisés dans de grands bocaux multicolores, quelques berlingots ou rouleaux de réglisse. Rare et poétique insertion qui nous fait mieux mesurer la perte d’un être et l’éloignement d’un monde dans lequel on était annoncé par le tintement grêle de clochettes.


mardi 15 janvier 2013

Poucette

Michel Serres, sans doute l’un de nos plus grands philosophes vient de faire paraître « la petite Poucette », reprenant astucieusement là le titre d’un célèbre livre d’Andersen. Il y analyse la génération des 18/30 ans dont le pouce est devenu la véritable prothèse tactile des voyages et échanges virtuels. Si son analyse est le plus souvent pertinente, elle ressort, parfois, sans doute sa foi dans la contribution des sciences à un irréversible progrès, d’un optimiste parfois étonnant cette génération ne connaîtra plus la guerre ni la faim…

et d’une vision, sans doute, trop uniforme de la réalité de cette génération. L’accessibilité du grand savoir disponible sur le net suppose le préalable de la connaissance, de la compréhension et de l’esprit critique. Combien disposent des bons outils pour l’utiliser ? La génération qu’on appelait auparavant Y se montre le plus souvent celle du jetable, du grand consumérisme, du superficiel et de l’individuel. Mais les générations précédentes en portent la responsabilité. Et c’est aussi celle de la crise, de nos crises qu’elle paye cash. Cette génération va trop souvent de désillusions en illusions. Il faut bien sûr la regarder avec indulgence et espoir, mais aussi avec lucidité et exigence.

Ci-dessous des extraits choisis d’un entretien réalisé le 3 septembre 2011 entre le philosophe et une journaliste de Libération, Pascale Nivelle :

Vous annoncez qu’un «nouvel humain» est né. Qui est-il ?

Je le baptise Petite Poucette, pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce. C’est l’écolier, l’étudiante d’aujourd’hui, qui vivent un tsunami tant le monde change autour d’eux. Nous connaissons actuellement une période d’immense basculement, comparable à la fin de l’Empire romain ou de la Renaissance.
Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. La troisième est le passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, tout aussi majeure. Chacune de ces révolutions s’est accompagnée de mutations politiques et sociales : lors du passage de l’oral à l’écrit s’est inventée la pédagogie, par exemple. Ce sont des périodes de crise aussi, comme celle que nous vivons aujourd’hui. La finance, la politique, l’école, l’Eglise… Citez-moi un domaine qui ne soit pas en crise ! Il n’y en a pas. Et tout repose sur la tête de Petite Poucette, car les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus. Elle doit s’adapter à toute allure, beaucoup plus vite que ses parents et ses grands-parents. C’est une métamorphose !
Déjà, Petit Poucet et Petite Poucette ne parlent plus ma langue. La leur est plus riche, je le constate à l’Académie française où, depuis Richelieu, on publie à peu près tous les quarante ans le dictionnaire de la langue française. Au siècle précédent, la différence entre deux éditions s’établissait à 4 000 ou 5 000 mots. Entre la plus récente et la prochaine, elle sera d’environ 30 000 mots. A ce rythme, nos successeurs seront très vite aussi loin de nous que nous le sommes du vieux français !..
La seule façon d’aborder les conséquences de tous ces changements, c’est de suspendre son jugement. Les idéalistes voient un progrès, les grognons, une catastrophe. Pour moi, ce n’est ni bien ni mal, ni un progrès ni une catastrophe, c’est la réalité et il faut faire avec. Mais nous, adultes, sommes responsables de l’être nouveau dont je parle, et si je devais le faire, le portrait que je tracerais des adultes ne serait pas flatteur. Petite Poucette, il faut lui accorder beaucoup de bienveillance, car elle entre dans l’ère de l’individu, seul au monde. Pour moi, la solitude est la photographie du monde moderne, pourtant surpeuplé.

Les appartenances culturelles n’ont-elles pas pris de l’importance ?


Pendant des siècles, nous avons vécu d’appartenances, et c’est ce qui a provoqué bien des catastrophes. Nous étions gascons ou picards, catholiques ou juifs, riches ou pauvres, hommes ou femmes. Nous appartenions à une paroisse, une patrie, un sexe… En France, tous ces collectifs ont explosé, même si on voit apparaître des appartenances de quartier, des communautés autour du sport. Mais cela ne constitue pas les gens. Je suis fan de rugby et j’adore mon club d’Agen, mais cela reste du folklore, l’occasion de boire de bons coups avec de vrais amis… Quant aux intégrismes, religieux ou nationalistes, je les apparente aux dinosaures. Ma Petite Poucette a des amis musulmans, sud-américains, chinois, elle les fréquente en classe et sur Facebook, chez elle, partout dans le vaste monde. Pendant combien de temps lui fera-t-on encore chanter «qu’un sang impur abreuve nos sillons» ?


L’espace, le travail, le savoir, la culture ont changé. Et le corps ?

Petite Poucette n’aura pas faim, pas soif, pas froid, sans doute jamais mal, ni même peur de la guerre sous nos latitudes. Et elle vivra cent ans. Comment peut-elle ressembler à ses ancêtres ? Ma génération a été formée pour la souffrance. La morale judéo-chrétienne, qu’on qualifie à tort de doloriste, nous préparait tout simplement à supporter la douleur, qui était inévitable et quotidienne. C’était ainsi depuis Epicure et les Stoïciens…
Je crois aussi que le fait d’être «choisi» lorsqu’on naît, à cause de la contraception, de l’avortement, est capital dans ce nouvel état du corps. Nous naissions à l’aveuglette et dans la douleur, eux sont attendus et entourés de mille soins. Cela ne produit pas les mêmes adultes.
L’individu nouveau a une très longue vie devant lui, cela change aussi la façon d’appréhender l’existence…
Une longue vie devant et aussi derrière lui. L’homme le plus cultivé du monde des générations précédentes, l’uomo di cultura, avait 10 000 ans de culture, plus un peu de préhistoire. Petite Poucette a derrière elle 15 milliards d’années, du big bang à l’homo sapiens, le Grand Récit n’est plus le même ! Et on est entrés dans l’ère de l’anthropocène et de l’hominescence, l’homme étant devenu l’acteur majeur du climat, des grands cycles de la nature. Savez-vous que la communauté humaine, aujourd’hui, produit autant de déchets que la Terre émet de sédiments par érosion naturelle. C’est vertigineux, non ? Je suis étonné que les philosophes d’aujourd’hui, surtout préoccupés par l’actualité et la politique, ne s’intéressent pas à ce bilan global. C’est pourtant le grand défi de l’Occident, s’adapter au monde qu’il a créé. Un beau sujet philosophique.
.

lundi 14 janvier 2013

Le vieux couple


Souvenir...souvenir... histoire de se laver les oreilles des slogans bleus et roses du style y'a pas d'ovules dans les testicules quand Serge Reggiani chantait "Le vieux couple" sur des paroles de Jean-Loup Dabadie.( pas de vidéo sur le net mais on peut télécharger ou écouter la chanson)


Ce qui me plait dans ce duo
C'est que tu fais la voix du haut
C'est toi qui sais, c'est toi qui dis
C'est toi qui pens's et moi je suis
Mais les grands soirs lorsque tu pleures
Quand tu as peur dans ta chaloupe
C'est moi qui parl' pendant des heures
Nous sommes en somme un vieux couple
Je n'sais plus où je t'ai connu
C'est à l'école ou au guignol
Je me rappell' cet ingénu
Qui avait perdu sa boussole
Depuis je t'empêche de boire
Sauf les grands soirs dans ta chaloupe
Quand tu me chantes tes déboires
Nous sommes en somme un vieux couple
Avec ta tête d'épagneul
Qui n'a pas appris à nager
Avec ma gueule à rester seul
Derrièr' des demis panachés
Quand les grands soirs dans ta chaloupe
Nous parlons de tes états d'âme
Et que tu diffames mes femmes
Nous sommes en somme un vieux couple

Le seize Août mil neuf cent soixante
J'ai marié cette dam' charmante
Cinq jours après j'étais parti
Et tu me bordais dans mon lit
Alors a commencé la nuit
Alors a commencé la nuit
Dont on se croyait les étoiles
Mais on était que les cigales
On s'est battu, on s'est perdu
Tu as souvent refait ta vie
Et le plus beau tu m'as trahi
Mais tu ne m'en a pas voulu
Et les grands soirs dans ta chaloupe
Tu connais bien mes habitudes
Je connais bien ta solitude
Nous sommes en somme un vieux couple
Mon ami mon copain mon frère
Ma vieille chance ma galère
Mon enfant mon Judas mon juge
Ma rassurance mon refuge
Mon frère mon faux-monnayeur
Mon ami mon valet de cœur
Je ne voudrais pas que tu meures
Je ne voudrais pas que tu meures.

dimanche 13 janvier 2013

Sus aux homos.




Alors les cathos vont processionner. Derrière les prêches et les bannières de l’Eglise. C’est leur nouvelle croisade, après jadis la défense de leur école privée : la défense de leur mariage. Chasse gardée aux hétéros sus aux homos.
Leur mariage ainsi encadré par l’encyclique papale Humanæ vitæ : Le mariage n'est donc pas l'effet du hasard ou un produit de l'évolution de forces naturelles inconscientes: c'est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l'humanité son dessein d'amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque, qui leur est propre et exclusive, les époux tendent à la communion de leurs êtres en vue d'un mutuel perfectionnement personnel pour collaborer avec Dieu à la génération et à l'éducation de nouvelles vies. De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu'il représente l'union du Christ et de l'Eglise. ..…C'est enfin un amour fécond, qui ne s'épuise pas dans la communion entre époux, mais qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies. " Le mariage et l'amour conjugal sont ordonnés par leur nature à la procréation et à l'éducation des enfants. De fait, les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes (8)… "
La procréation, les enfants, ils affirment qu’ils sont l’enjeu de leur mouvement d’opposition. Ne serait-ce pas plutôt la défense de principes et moralités rassis. En réalité L’Église a depuis toujours un problème avec le corps, avec le plaisir. Avec la sexualité. Elle raisonne encore avec cette conception : Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs dus, soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des circonstances extérieures, l'Eglise enseigne qu'il est alors permis de tenir compte des rythmes naturels, inhérents aux fonctions de la génération, pour user du mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux que Nous venons de rappeler (20). L'Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le recours aux périodes infécondes, alors qu'elle condamne comme toujours illicite l'usage des moyens directement contraires à la fécondation, même inspiré par des raisons qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses… En pleine campagne électorale, le papa Benoît XVI n’a pas hésité à fustiger la promesse du candidat Obama de remboursement de la contraception et de la pilule abortive, appelant les catholiques américains à se mobiliser.
Même attitude hypocrite concernant l’homosexualité : le Catéchisme de l'Église catholique24, publié sous le pontificat du pape Jean-Paul II en 1992, note que les personnes homosexuelles doivent être « accueillies avec respect, compassion et délicatesse ». Cependant, les actes homosexuels sont considérés comme « contraires à la loi naturelle ». Ils « ferment l’acte sexuel au don de la vie », « ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable ». Il est cependant demandé aux fidèles catholiques d'éviter « toute marque de discrimination injuste » envers les personnes homosexuelles. Les personnes présentant des tendances homosexuelles foncières sont appelés elles aussi à réaliser la volonté de Dieu pour atteindre la « perfection chrétienne ». Le 1er octobre 1986 en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, présente une mise au point doctrinale sur le thème de l'homosexualité. « Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée. » Enfin, le 3 juin 2003, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec la signature du même cardinal, publie un dernier document, « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles »28 » dans lequel elle affirme que « le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l'union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société. Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité ». Il s'agit de s'opposer à cette politique, par des considérations morales qui relèvent de plusieurs ordres : l'ordre de la droite raison, l'ordre biologique et anthropologique, l'ordre social et l'ordre juridique.
La messe est donc dite. Il s’agit bien d’une manifestation moraliste. Il s’agit de s’attaquer au comportement déviant…Sodome et le risque d’écroulement des belles valeurs chrétiennes.Il faut sauver la multiplication des petits cathos sur la grande échelle du missionnaire. Et encore attention aux rythmes naturels…
La prochaine manif est prévue contre les périodes infécondes.










.

samedi 12 janvier 2013

Une lumière si vive




Une lumière si vive dans l’entrebâillement du bureau que dans un premier temps je pense n'avoir pas éteint la lampe. Quand je pénètre dans une eau de lumière. Un clair de soleil arrosant de grains mon petit monde de feuilles et de griffonnements. Une grande tache de ciel à travers la fenêtre répandant son encre sur les premiers mots sortis de la nuit. Ébloui, comme si après dix jours d'un ciel d’étain, mes yeux avaient oublié ce pigment de cobalt pénétrant parfois nos fonds d’hiver et donnant à nos aplats des matérialités de peinture. Une lumière si vive qu’on voudrait être Matisse pour découper dans son papier bleu les images d’un poème.


jeudi 10 janvier 2013

Bol suite / 3 / Le bol d’enfance





Un jour on quitte le giron en y abandonnant les objets familiaux. Le bol, au bord un peu fort, en faïence de Sarreguemines, légèrement jauni et craquelé et décoré de fleurs devenues vieux rose. Peut-être déjà hérité d’une ascendance. Maman m’y versait du lait bouillant sur un fond de café avant le cartable à bretelles. Du bon lait de ferme, comme elle disait, presque directement du pis au bidon en aluminium avec son chapeau à chaînettes.Je soufflais un peu sur son marron clair tout en pêchant à la cuillère les îlots de crème qui cloquaient à la surface. Ce qui irritait maman c’est bon la crème. Mais ces peaux coalescentes me montaient au cœur. Je n’ai pas retrouvé ce bol quand on a vidé la maison, trente-cinq ans après. Les talons tournés, je n’ai fait coulé que du café. Je n’y pêche plus que mes idées noires.

dessin à l'encre de chine de Camelus

mardi 8 janvier 2013

Ou prendre sa Verrie pour une lanterne




Sang bleu ou pas. Quand le compte est bon, le cimetière tranche toutes les têtes. L’asticot ne transige pas à propos de l’égalité républicaine. Raide l’humain abandonne toute rigidité idéologique. Le royaume des ifs et buis est le seul où règnent harmonieusement la Liberté, la Fraternité et surtout l’Égalité.
Certains ont cependant du mal à se glisser dans le linceul commun. Lointains descendants d’échappés de la Lanterne, ils tentent d’entretenir jusqu’au dernier souffle la petite flamme de leur particule. Quand, dans 99% des avis d’obsèques, les endeuillés font part du décès de…quelques nobliaux osent cette formule ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu du…Comme une ultime tentative de laisser croire aux minuscules à une sorte de commerce particulier entretenu avec l’éternel. Laissant penser que ce dernier, estimant remplie la mission sur terre de son glorieux serviteur, avait soudain pris la décision de le rappeler à ses côtés, pour lui confier probablement une nouvelle charge "zailée".

dimanche 6 janvier 2013

Thé ou café ?/ Bol / 2




Dans le placard Ils sont rangés à ma gauche, tout de suite, sur l’étagère du milieu, quatre bols. Trois emboîtés dans la belle glaçure verte de la demi sphère du dernier. Soudés, les deux nôtres dessus, Ceux de mes deux filles dessous. Chacun avec sa couleur, son décor et son histoire particulière. Chacun avec son usure. On n’y lit pas nos prénoms. Comme sur ces bols souvenirs au liseré bleu des boutiques balnéaires. A leur droite la pile des bols des amis de passage.
Ils ne sont que deux, le plus clair du temps, ceux du haut qui semblent se hausser du col, s’appuyer sur l’autre pour voir au-dessus, posés sur la nappe. Quand ils sont quatre, comme à Noël, assis en rond sur la table, je sais que notre petit système planétaire est en place. Au complet. En orbite.
Serrés dans les paumes et portés à la bouche, nos coudes se touchent presque. Alors on forme comme un anneau qui tourne autour d’un soleil celui de l’amour.
Ou de l’amitié pour les visages de passage seuls auxquels on demande alors, faute d’habitude, Thé ou café ?

tableau de Camelus

samedi 5 janvier 2013

Dis ma trompe tu l’aimes ? Dis mes défenses tu les aimes ?





Les pauvres et maintenant célèbres éléphantes Lyonnaises étaient entrées le 16 décembre, pour la première fois, dans mon blog. Baby et Népal pour les intimes. S’y croisaient déjà GG et BB. Sortis sains et saufs de la fin du monde et la fin de l’année, les pachydermes restent toujours à la merci des euthanasistes vétérinaires. Du coup, notre BB nationale, qui avait proposé de les recueillir et soigner, menace à son tour d’embrasser Poutine et sa musculature démocratique. Bien sûr je rangerai cela dans la provocation opportuniste et provocatrice au service de la défense d’ivoire.
A propos d’y voir et de septième art, BB disant "j'en ai plein le c...je ne supporte plus ce pays" nous offre l’occasion de revoir cette anthologique et sulfureuse scène du film de Jean-Luc Godard « Le Mépris »: « Dis tu vois mon derrière dans la glace ?...tu les trouves jolies mes fesses ?...et mes seins tu les aimes ?...et mon visage ?...ma bouche, mes yeux, mon nez, mes oreilles ? Donc tu m’aimes totalement ?
Avec cette merveilleuse conclusion de Michel Piccoli : « Oui je t’aime totalement, tendrement, tragiquement. »
Tragiquement comme nos éléphantes.

vendredi 4 janvier 2013

Le pouce





Que serions-nous sans le pouce ? Ce formidable organe, comme tenu à l’écart, boudé par les quatre autres phalanges. Plutôt jalousé pour sa position stratégique lui permettant de se refermer en pince. Ainsi de tenir en son pouvoir la main de l’autre comme l’outil. Le pouce avec sous sa phalangette le code-barres de nos ridules digitales. Tous les doigts dressés, seul capable de ce pied de nez salutaire traduisant, accouplé à la langue tirée, la nargue de l’enfance. Ou relevé en gâchette de transformer la main en colt dans les westerns de récré. Le pouce cette excroissance anar quand l’index se lève pour répondre ou ne prouve sa grande dextérité que dans la fouille des fosses nasales et l’extraction de ses petits-gris le temps du feu rouge.
Que serions-nous sans le pouce ? Dans le fœtus et dès frais débarqués sous l’œil inquisiteur du premier terrien sans cette douce et portable tétine toujours à portée de menottes ? Sans cet étroit coin de table pour nos déjeuners express ? Comment pourrions-nous tuer le temps et goûter la paresse sans ce moulin à tourner ? Aider notre prochain avec son petit coup donné au bon moment ?
Comment sans lui et ses 2,54cm sous la toise nos amis Anglo-Saxons mesureraient-ils leurs vêtements ou diamètre de leurs peaux de batterie ? Sans cet attachant médiator, ni Hendrix ni Clapton, comment gratter nos guitares ?
Ni cailloux blancs ni Poucet. Ni coquille de noix ni Tom Pouce.
Le pouce que dans les seventies on levait pour aller au Népal et que nos enfants baladent sur leurs mobiles pour voyager en SMS OU MMS.

Obelix voit rouble





Un pied à Néchin,l'autre à Moscou, ce n'est plus un grand écart mais un écartèlement. Cette fois c'est la goutte de vodka qui définitivement fait déborder la vase.Le bouffon est passé du grand guignol au grotesque.Laissons le cuver en silence ses infâmes hommages au Vladimir qui voulait "buter les terroristes jusque dans les chiottes"...ces tchétchènes martyrisés de longues années par le même.C'est dit cette fois je l'enterre. je vous invite simplement à vérifier sur ce lien la belle réalité de la démocratie poutinienne:

http://www.fidh.org/IMG/pdf/russie-mars2012.pdf

mercredi 2 janvier 2013

"Bonne année mon cul"



Il était temps que janvier fît place à février.
Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année. Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n'est pas moi qui ai commencé.
Et qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise...
Dieu Merci, cet hiver, afin de m'épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j'ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de «Bonjour à tous», j'ai mis «Bonne année mon cul». C'est net, c'est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire
.
Bien sûr c’est du Desproges dans le texte. De 1986.Qui n’a pas pris une ride à l’exception du fait qu’il n’y a plus de Desproges aujourd’hui pour nous ramener à quelques vérités acides sinon salutaires. Et à l’exception notoire que les brassées d’imbéciles que nous sommes sont équipées maintenant (mains tenant dit Michel Serres) d’une prothèse qui leur colle aux doigts particulièrement le pouce et qui ont envoyé 1,4 milliard de SMS et MMS. Auxquels il faudra ajouter les dizaines de millions de cartes électroniques et mails. Combien, au clair de la lune, de Pierrots prendront encore la plume pour écrire par exemple : Il faut rajouter de la vie aux années et non des années à la vie ou encore reprenant Epictète : Il ne dépend pas de toi d’être riche, mais il dépend de toi d’être heureux .

mardi 1 janvier 2013

Bonne année, à tous le goût du présent





Je cherchais un mot, un symbole pour traduire mes sentiments en ce matin de nouvel an. Et c’est un objet qui s’est imposé. Pour dire ma disponibilité particulière à l’instant et à la suite des jours. Le bol. Cette motte de glaise si parfaitement tournée, cette étrange toupie, ce demi diabolo. Ce cœur d’argile dans nos paumes. Ce mot ventru et lissé qui sourit jusqu’au yeux. Ce bord de terre cuite que tètent nos lèvres. En une couronne de petits bécots brûlants. Cette forme qui arrondit les angles du matin. Cette coupe pleine de clarté noire ou résineuse. Le bol. Cet objet qui parle dans toutes les langues. Un peu pétri aussi de notre chair. Cet objet du temps qui coule qu’on pose devant l’être aimé ou l’ami pour lui donner le goût du présent.

tableau de Camelus